Les 8 clefs de réussite d’un HPI épanoui
Être un enfant à Haut Potentiel Intellectuel n’est pas une fatalité. Bien accompagné, bien encadré, il a toutes les chances de réussir sa scolarité et de s’épanouir. Le quotidien Le Parisien a interviewé récemment un jeune adulte HPI de 26 ans suivi par l’AFEHP depuis son plus jeune âge. Il témoigne de façon anonyme (sous le pseudo de Marc). Ses propos recueillis par la journaliste Lucile Deschamps sont édifiants.
1 : Détecter les signes du HPI
Marc est testé HPI (Haut Potentiel Intellectuel) à 6 ans et demi et personne n’a été étonné du résultat. « Il y avait des signaux : ma mère m’a raconté qu’à 9 mois j’avais déjà acquis une certaine autonomie par rapport à d’autres enfants. Si j’avais faim à la crèche par exemple, je n’attendais pas qu’on vienne me chercher : j’allais me servir… »
« Mes dessins de maternelle n’étaient pas des soleils et des nuages, mais des villes avec des bâtiments en perspective et la centrale nucléaire qui permet d’alimenter l’éclairage ».
2 : Faire un saut de classe en douceur
Le résultat du test de QI de Marc a permis d’initier un projet pédagogique adapté. Grâce à des classes à double niveau, il a acquis des notions de CP, CE1, CE2 et CM1 en trois ans au lieu de quatre.
Un saut de classe tout en en douceur qui lui a permis d’éviter l’ennui qui le guettait, mais aussi le rejet de ses camarades de classe.
3 : Dédramatiser la précocité
En famille comme à l’école, Marc est bien entouré et participe aux activités de l’AFEHP. « J’étais dans mon monde. Je faisais les choses dans mon coin, certes pas comme les autres, mais sans me dire que j’étais en décalage ». A part quelques légers problèmes de discipline, liés à sa fâcheuse tendance à contourner les règles, sa scolarité se déroule bien. Les devoirs sont vite faits, puisqu’écouter en classe lui suffit. De quoi lui laisser le temps pour ses entraînements de handball.
4 : Encourager la curiosité avec bienveillance
Au collège, sa passion pour les jeux vidéo notamment « Call of Duty », lui donne l’envie d’aller « dans les coulisses » et à créer ses propres cartes. Avec un niveau d’anglais de 5eme, il contacte des gamers aguerris pour arriver à ses fins. Il apprend le C ++ (le langage de programmation informatique) grâce à une méthode qu’on appelle aujourd’hui la rétro-ingénierie. « Je regardais les lignes de code que quelqu’un avait déjà faites, j’en copiais une partie, par déduction je voyais ce que ça faisait. Puis je modifiais à tel ou tel endroit pour voir quel effet cela donnait ».
En classe de 4eme, il est capable de créer ses propres cartes de jeu et de les publier. Ses parents le laissent passer des heures devant l’ordinateur du moment que « cela l’enrichisse et qu’il ne reste pas toujours passif », sans négliger d’autres activités comme le sport, la musique et les sorties culturelles. Sans le savoir, Marc pose les premières bases de son avenir professionnel.
5 : Lui donner les codes pour s’adapter à de nouveaux environnements tout en le laissant rester lui-même
Au lycée, les choses se corsent un peu, avec une entrée en internat à Rouen souhaitée pour « passer son Brevet d’Initiation Aéronautique (BIA) ». Pour la première fois, son année d’avance met en exergue une différence de maturité. « Les centres d’intérêt n’étaient pas les mêmes. J’avais moins de répartie, j’étais un peu une cible facile », se souvient-il. « Il m’a fallu un temps d’adaptation pour comprendre comment fonctionnaient les gens de cet âge, et comment interagir », explique Marc. Pas de quoi le traumatiser pour autant. Il passe de nombreux mercredis après-midi en colle, car ses professeurs considèrent que « trop de capacités ne sont pas assez exploitées » et qu’il pourrait mieux faire. Ce que Marc admet sans effort. « C’était mérité… J’ai besoin d’être au pied du mur pour avancer ». D’autant qu’il a réussi à passer un ordinateur en douce et qu’il continue à coder pour son jeu vidéo préféré pour atteindre « le niveau d’un salarié ».
6 : Retenir les leçons d’un échec
Passée l’épreuve du bac, Marc espère entrer dans l’aéronautique pour l’armée, mais sa tendance à se reposer sur ses lauriers finit par lui porter préjudice. Les portes des classes préparatoires militaires lui sont fermées. Pour la première fois de toute sa scolarité, écouter en classe ne suffit plus, il faut travailler en parallèle.
Ses parents l’encouragent à retenir les leçons de cet échec et à se donner les moyens d’atteindre ses objectifs. En une semaine, il fournit l’effort nécessaire pour entrer dans une école d’ingénieur en aéronautique à Paris sur concours.
7 : Sortir de sa zone de confort
Ensuite, Marc ne se contente pas d’une vie étudiante classique. Pour « obtenir son indépendance financière », à 18 ans à peine, il propose déjà des services d’analyses, notamment pour une entreprise d’énergie solaire.
Marc obtient son diplôme d’ingénieur en aéronautique spécialisé dans l’intelligence artificielle et souhaite se tourner ensuite vers la finance et le trading algorithmique (où un algorithme gère les ordres de bourse), très proche du codage qu’il pratique depuis le collège. « L’ingénierie aéronautique, ce n’était pas assez stimulante pour moi », justifie-t-il. Comme toujours, Marc n’attend pas un cursus scolaire pour découvrir ce nouveau domaine. Il apprend les bases seul. Il entre sur concours dans une prestigieuse école de commerce. Grâce à un système de passerelle, il arrive même directement en 5e année.
8 : Apprendre en permanence même en travaillant
Aujourd’hui, Marc est Trader Quantitatif pour une entreprise basée à l’étranger et n’occupe pas ses vacances comme un jeune homme de son âge. Depuis septembre il a posé l’intégralité de ses RTT et de ses congés pour ne pas travailler le vendredi, afin de consacrer cette journée comme tous les samedis matins, à suivre des cours de mathématiques appliquées sur les bancs de la Sorbonne et de Polytechnique « J’y rencontre des chercheurs qui sont des pointures. C’est un privilège ». Ces cours lui permettront d’obtenir un diplôme universitaire supplémentaire de haut niveau. Mais il ne compte pas s’arrêter là. Il souhaite ensuite se perfectionner dans le domaine de l’intelligence artificielle.
« Je veux aller de projet en projet, je n’envisage pas de ne pas apprendre » indique -t-il. « J’ai besoin d’avoir toujours quelque chose à faire. Mais je ne suis pas une machine ! » Pour ceux qui en douteraient encore, Marc est tout simplement, un jeune adulte HPI épanoui.
Lire aussi l’article :