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Témoignages

Des parents ont souhaité partager leurs expériences avec leurs enfants HPi.
Des moments de souffrances, d’incompréhensions qui doivent les inciter à en parler afin de débloquer les situations.

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Le saut de classe

Heureuse maman d’une enfant précoce, j’ai rencontré une opposition obstinée et constante de la part de la direction et du professeur principal de ma fille, élève de 4è. Ayant déjà un an d’avance (elle a actuellement 12 ans), elle réclamait depuis la rentrée de septembre un saut de classe que ces personnes ne voulaient en aucun cas lui accorder, fortes de leur pouvoir d’obstruction et jugeant qu’un an était déjà trop.

Un peu perdue dans les méandres de l’Education Nationale et complètement désespérée de voir ma fille malheureuse se désintéresser de l’école, j’ai eu la grande chance de faire la connaissance de madame Veronick Laszlo-Guilbard, bénévole de votre association dans mon département, plus précisément à St Maur des Fossés où ma fille est scolarisée. J’avais déjà tenté d’avoir des interlocuteurs et des pistes dans des associations, des écoles (publiques et privées), à l’Académie et au Rectorat, mais sans succès, le « problème » de ma fille n’étant au mieux, pas pris au sérieux (elle n’était sans doute pas précoce), au pire ne rentrait dans aucune case et ne pourrait pas être pris en compte.

Sans elle je ne suis pas sûre que je serais parvenue à exaucer ma fille face à la force d’inertie du collège, qui jugeait urgent d’attendre, afin sans doute de nous dire au mois de mai qu’il était désormais trop tard pour poursuivre la demande. Elle m’a conseillée, assistée, remonté le moral et remotivée. Grâce à madame Laszlo-Guilbard, j’ai compris que le mur face à nous pouvait être franchi et qu’il ne fallait pas se décourager. Elle m’a redonné l’énergie qui commençait à me manquer. J’ai pu entrer en contact avec une psychologue qui a fait passer le WISC-V à ma fille et envoyer des mails au collège avec les mots adéquats pour que mes demandes ne soient pas systématiquement rejetées. Avec ses connaissances personnelles du HPI, ses contacts et son engagement pour les enfants précoces elle a permis à ma fille d’être entendue et lui a évité le décrochage scolaire. Ma fille est enfin épanouie, heureuse d’être à sa place parmi des élèves, certes plus âgés qu’elle, mais dont elle partage la maturité et le niveau scolaire. Je ne la remercierai jamais assez de ce qu’elle a fait pour nous et je souhaite à tous les parents en difficulté d’avoir à leurs côté quelqu’un comme madame Laszlo-Guilbard. Catherine G., maman de Rania

La souffrance de l'enfant HPI

Bonjour, Mon fils de 13 ans est précoce, dyslexique, dysorthographique et dysgraphique. L'école n'est évidemment pas le lieu où il s'épanouit le plus avec ses difficultés qui occultent ses richesses. Son professeur de français vient de demander l'écriture d'un poème, en  lien avec ce qui était étudié en classe. Voici ce qu'il a écrit et qui est très personnel.

    TRISTESSE

    Grand et humide,

    Comme l’eau du fleuve,

    Je marche avec ma tristesse,

    Car j’ai l’impression de tout rater,

    A quoi bon vivre, une fois mort

    On est tranquille et calme,

    Pourquoi suis-je encore en vie ?

    Ai-je encore des choses à faire ?

    Ou peut-être une chose me retient …

    Mathis

Maman de plusieurs EIP et bénévole à l’AFEP 35, je dédie ce poème à tous les enfants et leurs parents qui connaissent ces grands moments de souffrance. Parlez-en, faites-vous aider et surtout n’oubliez jamais d’y croire car vos enfants en valent la peine et ne se résument pas aux notes qu’ils ont en classe …

La maman de Mathis

La solitude de Julie

Bonjour, Je suis la maman de deux jeunes filles : Julie (12 ans) et Elsa (10 ans). Julie nous a causé beaucoup de soucis. Nous trouvions que c'était une petite fille très sage voir trop sage.  Dès son plus jeune âge, nous avions l'impression qu'elle comprenait tout. Contrairement à sa sœur, elle ne nous a jamais fait de petites bêtises comme arracher la tapisserie, couper les cheveux de papi, écrire sur les murs, maquiller ses poupées…  Lorsqu'elle est rentrée en petite section de maternelle, elle s'est très vite adaptée. En moyenne section, je suis allée voir la maîtresse dès la fin du 1er trimestre. Chaque fois que j'allais la chercher dans la classe, je la sentais à part, seule. Elle ne correspondait pas à l'âge de la classe.

La maîtresse m’avait dit à ce moment là que Julie était dans le groupe de tête mais qu’elle manquait de maturité. Ce qui nous avait étonnés car ce n’était pas l’impression que nous avions. A la fin du 2ème trimestre, la maîtresse nous a convoqué pour nous informer que Julie avait beaucoup changé et qu’il serait intéressant de la faire tester car elle s’ennuyait. Ce que nous avons fait et il s’est avéré effectivement que Julie avait un QI important.  

Julie est alors passé de la moyenne section de maternelle au CP. Sans la grande section de maternelle, j’appréhendais mais Julie a suivi le CP sans difficulté. Quelques séances chez l’orthoptiste et l’orthophoniste ont été nécessaires mais tout est rentré dans l’ordre à ce niveau là.

La grande difficulté que nous avons eu à gérer avec Julie en primaire, c’est sa tristesse. Elle partait le matin sans rien dire mais toujours l’âme en peine. Jamais joyeuse comme ses camarades, toujours seule aux récréations, à part, sans ami(e)s. Il m’est arrivée de la surprendre en train de pleurer en silence dans son lit le soir.

Concernant sa scolarité, elle passait de 20/20 à 0/20 pour la même matière. C’était quand elle voulait ! Très difficile à gérer pour nous car nous ne savions plus quoi faire. Elle prétendait avoir de meilleures notes lorsqu’elle ne revoyait pas ses lecons. Et moi, j’insistais pour qu’elle les apprenne et elle n’écrivait rien sur sa feuille. Sans arrêt, elle disait qu’elle était nulle, même ses bonnes notes, ce n’était jamais assez bien. J’ai fini par la laisser faire comme elle voulait et elle s’en tirait plutôt bien. De la part de ses instituteurs, Julie était l’élève modèle et ça la poursuivit au collège.

Pour son entrée en 6ème, je l’ai inscrite dans un collège privée qui avait une classe EIP dont j’avais de très bons échos. Des professeurs à l’écoute et formés pour accueillir les EIP. J’espèrais vraiment qu’ils redonneraient le goût de l’école à Julie. Je ne regrette pas.

Julie va entrer en 4ème EIP. Elle est épanouie, a pris confiance en elle, heureuse d’aller au collège et travaille de mieux en mieux. Très important aussi, elle s’est fait des copines. Elle n’est plus seule et nous sommes très contents pour elle et soulagés aussi. J’espère que cela va continuer dans ce sens.

Mon appréhension est maintenant l’entrée au lycée (nous avons encore deux ans mais je ne peux pas m’empêcher d’y penser déjà !) car elle devrait retourner dans une classe générale et je ne sais pas comment elle va réagir car elle ne sera plus encadrée de la même manière. 

Vos autres témoignages sont aussi touchants mais il y a beaucoup d’exemples de garçons et je m’aperçois qu’ils sont plutôt agités contrairement à Julie qui était plutôt réservée et en retrait. Est-ce une différence entre les garçons et les filles EIP ?  Merci  

Le mal être et l'incompréhension d'un enfant HPI

Du plus loin que je m’en souvienne, Nathan a toujours été un enfant très agité, curieux de tout ce qui l’entourait, désireux de tout comprendre… et comprenant très vite, trop vite même parfois. Très demandeur vis à vis de son entourage aussi. Son père et moi-même étions sans arrêt étonnés de ses progrès rapides et nombreux. Nous étions également étonnés de son agitation excessive et du fait qu’il soit en perpétuelle opposition à toute forme d’autorité –d’où qu’elle vienne- dépassant sans arrêt les limites qui lui étaient posées, fortement perturbé au moindre changement (ce qui se manifestait par un refus de manger et de dormir pendant quelques jours). Bien sûr, nous le trouvions très intelligent (normal, nous étions ses parents !). Il avait à la fois un côté très mature (il a parlé très tôt, et tout de suite très bien), et à la fois très « bébé » (besoin de câlins, cris, pleurs, colères, …)

Son assistante maternelle, puis la Directrice de la crèche nous avaient dit qu’il était « très intelligent, qu’il comprenait très vite et qu’il avait une excellente mémoire ».

Lors de son entrée en maternelle : dès le 2ème jour, la maîtresse m’avait interpellée pour me dire aussi qu’il avait un très grand potentiel. Ce qu’elle nous confirma tout au long de l’année… mais elle ne comprenait pas le besoin qu’il avait d’être toujours en opposition, d’être aussi agité. . Le pédiatre nous parla alors d’une possible hyperactivité.

En moyenne section de maternelle, dès le 1er jour, la maîtresse nous dit qu’elle avait déjà eu l’occasion d’être en contact l’année précédente avec Nathan et qu’elle trouvait qu’il avait un « énorme potentiel ».Au bout de quelques mois, elle nous alerte en nous disant que Nathan ne va pas bien, qu’il est très agité, mais que pour elle il n’est pas hyperactif du tout, qu’il a du mal à vivre avec les autres enfants, qu’il est en opposition constante, que c’est un enfant difficile. Elle nous parle alors pour la 1è fois de précocité intellectuelle, nous conseillant de le faire « tester » dès qu’il aura 6 ans. A 4 ans, il commence à lire, sait déjà compter.

L’animateur du centre de loisirs, aussi, nous dit un jour que pour lui, « Nathan est un surdoué, c’est sûr ! ». Il avait déjà connu un petit garçon précoce et retrouvait les mêmes traits caractéristiques chez Nathan.De retour chez le pédiatre, et au vu de son évolution, on abandonne donc l’hyperactivité pour se diriger vers la précocité.

Arrivé en GS de maternelle, pour la 1ère fois, Nathan a un maître et tout se passe « mieux ». Il sait maintenant parfaitement lire, compter, additionner, multiplier …Il reste néanmoins bien plus agité que ses camarades, mais l’enseignant m’explique qu’il réussit à le canaliser et à l’occuper « intellectuellement ». Il me confirme que Nathan est selon lui en avance d’environ 3 ans par rapport aux autres enfants de son âge.

A l’entrée en CP, Nathan connaît pour la 1ere fois de très grosses difficultés à s’intégrer dans sa nouvelle classe et à intérioriser les règles nouvelles du primaire. La maîtresse remarque très vite qu’il sait parfaitement lire et compter, mais il ne sait pas respecter les règles de vie et est très agité. Tous les soirs, je le récupère complètement désespéré, pleurant, démotivé, se trouvant « nul », disant que personne ne l’aime, ne supportant plus rien et n’ayant plus de goût à rien, mangeant à peine…je ne sais plus quoi faire pour le calmer et lui redonner le sourire.

A ma demande (la maîtresse avait fait la même demande le matin même), la psychologue scolaire lui fait passer un test de QI. Elle me dit au passage qu’elle entend parler de Nathan depuis la petite section de maternelle et qu’ en effet, ce serait bien de le faire tester.Le test est fait dans la foulée et confirme ce que l’on soupçonnait…

Par contre et « heureusement », il met en évidence de façon criante le mal être de Nathan, son angoisse, son stress, son besoin constant d’être rassuré et son auto dévalorisation. La psychologue me donne alors les coordonnées d’une association qui « pourra répondre à mes questions et m’aider » : l’AFEP.

Nathan continuant à aller mal, je décide donc d’appeler l’association. La responsable de l’antenne départementale m’écoute, me pose des questions que je ne m’étais pour certaines jamais posées. Elle m’explique qu’en l’état actuel des choses, il faut creuser pour trouver une explication au profil trop hétérogène de Nathan, en explorant différentes pistes. Il faut l’aider à aller mieux, avant de penser à un éventuel saut de classe. Elle me conseille de faire un bilan au niveau psychomoteur et un autre au niveau orthoptique.

Parallèlement, elle me conseille de faire comprendre à mon fils qu’on a compris et qu’on va pouvoir l’aider maintenant. Sur ses conseils, je m’assoie avec lui sur le canapé. Je le prends dans mes bras et je lui dis que les jeux qu’il a faits avec la psychologue de l’école nous ont permis de comprendre la façon dont fonctionnait son cerveau et que maintenant on allait pouvoir l’aider parce qu’on venait d’apprendre quelque chose qu’on ne savait pas avant. Je lui dis aussi qu’il ne faut pas avoir peur, qu’on est là et qu’on va pouvoir l’aider. Là, mon fils fond en larmes dans mes bras, en me disant qu’il se sent bien. Il a l’air apaisé.

Le lendemain matin, il se réveille de bonne humeur pour la 1è fois depuis longtemps, il s’habille tout seul et est pressé d’aller à l’école. Il ne pleure plus, il n’est plus en colère contre tout et tout le monde. En sortant de la maison, je lui fais remarquer que ça me fait plaisir de voir qu’il a l’air de se sentir bien. Il me dit alors que « c’est le plus beau jour de ma vie, Maman ! » Je lui demande pourquoi et il me répond : « parce que tu as enfin compris ce que j’essayais de t’expliquer depuis des années ! »

Je reste évidemment sans voix, mais je ne peux m’empêcher de penser à cette souffrance qu’il a dû endurer pendant toutes ces années en pensant que personne n’arrivait vraiment à le comprendre et à apaiser ses craintes … Espérons que tout ça continuera à porter ses fruits et que notre fils réussira à se sentir mieux dans sa peau, moins angoissé et qu’il aura plus de facilité à s’adapter aux différents environnements qui l’entourent et qui composent notre monde.

Je terminerai en remerciant une nouvelle fois l’AFEP et surtout la Responsable départementale qui a su si bien m’écouter, comprendre ce qui était caché derrière le comportement difficile de Nathan et nous donner de si précieux conseils.

L'aide précieuse d'enseignants

Lorsque l'on parle d'un EIP avec un enseignant, on a toujours l'impression soit qu'il découvre un phénomène de foire, soit que ses parents sont des illuminés : l'incompréhension ou la jalousie. Heureusement, certains enseignants vont au delà de ce qu'ils ont appris et vécu ; leur intelligence et leur volonté de voir au delà du programme scolaire permettent aux parents d'EIP d'avoir une écoute et de se sentir soutenus. Notre fils a été détecté à 2 ans 1/2, après que notre médecin ait hésité entre IP et hyper activité. Et nous ne pouvons que louer sa perspicacité et sa compétence, puisqu'il nous a immédiatement dirigés sur le Professeur REVOL

Nous avions alors un appui extraordinaire ……

Le résultat du QI ne les a donc pas étonnées… …Nous ne pourrons d’ailleurs jamais assez les remercier…

 En primaire… là encore, nous avons eu de la chance …. la maîtresse de CM1 nous a convoqués pour un saut de classe …. sa fine analyse et ses conclusions pertinentes ont permis un passage en 6ème ….

Nos inquiétudes sont toujours latentes quant à son avenir et à ses souffrances car notre fils met la barre toujours trop haut et il lui est aussi difficile d’accepter l’écart d’âge et de taille avec ses nouveaux camarades. Sans avoir à le « marginaliser », nous avons eu une chance inouïe de rencontrer des enseignants intelligents, compréhensifs, compétents et responsables, et jusqu’à présent tout se passe bien.

« Parquer » des EIP peut leur permettre de s’affirmer dans le savoir, mais n’oublions pas que l‘entourage affectif et amical est un terreau indispensable à leur équilibre. Si l’éducation nationale intégrait dans son parcours de formation des maîtres, un module leur permettant de détecter ces comportements et d’adapter leur enseignement, il n’y aurait peut être pas besoin de les regrouper.
Nos EIP d’aujourd’hui, au vu des difficultés qu’ils rencontrent, seront peut être les rénovateurs de l’enseignement de demain...

Une école plus adapté pour un enfant HPI

Je suis l'heureuse maman de deux garçons, appelons-les X (9 ans et demi) et Y (6 ans). J'ai découvert par hasard que mon fils aîné était intelligent. N'ayant pas d'autre référence que lui, j'ai toujours trouvé qu'il était "dans les normes". X a marché à 10 mois, a commencé à parler à l'âge habituel, a su lire à l'âge de 4 ans et demi puis se faisait régulièrement punir en grande section car il lisait des albums de Tintin au lieu d'écouter les B-A-BA. J'ai suggéré à la maîtresse de le faire passer en CP puisque la lecture, l'écriture et les bases du calcul étaient acquises. Que n'ai-je pas fait là ! Il est devenu le souffre douleur de cette enseignante. Il a refusé d'aller à l'école, ce n'était que pleurs et maux de ventre tous les matins... et je l'ai déscolarisé à Pâques.

L’école était devenu son cauchemar, notre cauchemar ; il a du commencer une psychothérapie qui a duré deux ans par la suite. Un jour que je faisais la queue pour effectuer des photocopies, j’ai bavardé avec la personne qui me précédait : elle rédigeait un mémoire sur les EIP et m’a laissée lire quelques extraits. Il m’a semblé qu’elle décrivait exactement mon fils : intérêt passionné pour les sciences, les origines et le sens de la vie (les dinosaures, la formation de l’univers, la naissance, la mort…), il posait des questions incessantes sur tout, était précis dans son vocabulaire, pertinent dans ses remarques… Je l’ai invitée à déjeuner et elle m’a convaincue que mon fils avait des besoins spécifiques, qu’il fallait que je le fasse « tester » et que je devais être attentive à mon deuxième enfant, alors un bébé, qui pourrait également être précoce.

Ce qu’il fut : Vianney a marché à 9 mois et demi, a parlé d’emblée correctement vers 14 mois, a commencé à lire à 3 ans !
J’ai changé les enfants d’école…..Pour l’instant, Y se régale : il se fait (enfin !) des amis .., il est en train de lire la saga des Harry Potter, joue du piano à quatre mains avec son grand frère, se défend aux échecs, et lui aussi est un passionné : gymnastique masculine (il faut voir ce petit bout aux barres parallèles…), sudoku, natation, ski, ordinateur, quel bonheur de le voir croquer à tout...

Cette école … reçoit également des enfants handicapés physique et mentaux et c’est ce qui fait sa richesse et suscite mon admiration. Il y a en moyenne 28 enfants par classe et les enseignantes ne se plaignent pas du manque de temps…alors que la diversité des niveaux des élèves pourrait le faire supposer.

On pourrait croire que je dispose de moyens financiers importants, ce qui n’est pas le cas : je suis étrangère, j’élève seule mes enfants en travaillant à mi-temps et les fins de mois sont loin d’être toujours abondantes. C’est un choix : ma disponibilité envers eux est, je pense, essentielle pour leur épanouissement tant qu’ils sont petits, et nous permet d’organiser le temps libre. J’ai le temps de leur apprendre à être autonomes : ils savent gérer les tâches ménagères (eh oui, ça fait aussi partie des apprentissages), faire les courses avec un budget serré, chercher une information sur Internet avec mon aide. Nous avons le temps de profiter d’activités ludiques ensemble et séparément : nous voyageons et lisons beaucoup, nous allons au cirque, aux spectacles qui passent, au cinéma, aux parcs à thème… Et nous avons même le temps de ne rien faire !

On pourrait également penser que nous vivons dans une métropole privilégiée : nenni, cela se passe dans une petite ville de 9000 habitants…. Quant aux conseils, je me suis adressée au CMPP local et les tests ont été passés auprès d’une psychologue clinicienne figurant sur les listes de l’AFEP. Le reste est affaire de bonne volonté…

Deux enfants précoces, deux parcours différents mais deux enfants heureux, et leur mère aussi… Je sais bien que cet état des choses peut ne pas durer et qu‘il faudra trouver à nouveau des solutions adaptées pour le collège. Mais je suis maintenant aguerrie et plus au fait des lois, des intervenants à impliquer, des parcours à inventer. Je suis également plus consciente de la solitude qui pèse sur moi, sur les parents désemparés.

Et c’est pourquoi des associations comme la vôtre nous sont indispensables.

La gestion des difficultés de l'enfant précoce

X (9 ans très heureux aujourd’hui QI>150) a rencontré des difficultés dés la maternelle : incapacité à entrer en relation avec ses camarades, ennui en classe, incompréhension de l'enseignante, déprime, hypersensible et plutôt secret même s'il est doté d'un sens de l'humour désopilant et d'une fine capacité d'appréhension des relations humaines. Nous l'avons changé d'école en GS pour un établissement qui pratique la pédagogie Montessori. Les enseignantes ont reconnu sa différence, ses capacités (saut de classe en début de CP) et même si les relations avec les autres enfants n'étaient pas particulièrement développées, cette prise en compte l'a dans un premier temps beaucoup aidée. A 7 ans, en CE2, la situation s'est peu à peu dégradée, sans doute parce que cette classe n'est qu'une redite des apprentissages précédents mais aussi parce que notre enfant particulièrement rêveur n'était pas suffisamment encadré ou stimulé par une enseignante débordée par sa classe. Bref, en décembre une dépression "à tendance suicidaire"… a été diagnostiquée...

Malgré de nombreuses tentatives pour entrer en communication avec l’établissement aucune proposition n’a été faite. C’était une période très désagréable où la cause du désarroi de notre fils nous a été totalement imputée par l’établissement scolaire qui a refusé de recevoir la représentante de l’AFEP chargé de la formation et n’a jamais écouté la psychologue…Nous avons alors tenté plusieurs choses pour aider notre enfant.
En tout premier lieu, de l’amour, de l’amour, de l’amour et beaucoup d’attention ! Pour atténuer le manque d’intérêt de l’enseignement et alimenter les neurones de notre petit curieux, nous avons multiplié les sorties culturelles et scientifiques : musées, expositions, monuments…  Nous l’avons inscrit à un club d’échecs, activité qu’il pratique toujours aujourd’hui avec bonheur.

A la maison, nous (enfin la maman qui s’est arrêtée de travailler pour prendre l’affaire en main), avons modifié la façon de procéder pour les devoirs. Nous avons positionné le degré d’exigence en fonction des capacités de notre enfant et non plus en fonction des devoirs qui ne lui demandaient absolument aucun effort. Par exemple, nous avons fait fonctionner sa prodigieuse mémoire en lui demandant d’apprendre des leçons d’histoire qui n’étaient qu’à lire. Nous lui avons demandé d’expliquer et rédiger systématiquement son raisonnement pour les problèmes de mathématiques (à ce sujet il existe un ouvrage d’énigmes mathématiques formidable sous forme d’enquête qui passionne l’enfant et l’oblige à décomposer son raisonnement…).

Nous avons encouragé la rédaction de petits textes, écrire était assez fastidieux pour lui car la plume va moins vite que la tête !  Enfin, il a fallu mener un petit combat pour le soin dans les cahiers, la présentation, la notation des devoirs dans le cahier de texte, l’orthographe approximative dés qu’il ne s’agissait pas d’une dictée,… toutes ces choses futiles pour lui mais importantes pour l’idée qu’il se faisait de la valeur de son travail, de ses leçons et pour la clarté, la méthodologie des apprentissages.

Pour les problèmes relationnels avec ses camarades plusieurs éléments ont été favorables même si notre enfant n’est pas et ne sera sans doute jamais ami avec beaucoup d’enfants de sa classe puisque ses centres d’intérêts sont trop différents et décalés. Cependant, nous pouvons dire qu’aujourd’hui il est bien dans sa peau, il ne passe plus ses récréations tout seul ! A l’annonce de sa dépression, il a rencontré pendant plusieurs mois une psychologue (recommandée par l’AFEP) qui l’a aidé à se sortir du désespoir où il se trouvait, à se comprendre et à comprendre le fonctionnement des enfants de son âge et sans doute aussi le pourquoi des attentes de l’école, des adultes. De notre coté, nous l’avons toujours soutenu et encouragé tout en nous montrant fermes, avec des personnalités pareilles, il faut tenir la barre même si ce n’est pas toujours rigolo ! Nous lui avons montré que nous avions confiance dans ses capacités, que la vie l’avait doté de dons merveilleux et qu’il était trop bête de ne pas en profiter d’autant qu’il avait certaines ambitions (constructeur d’avions, archéologue, grand maître d’échecs…!).

Sa relation avec les autres enfants s’est nettement améliorée après la participation à une colonie de vacances « Aventure scientifique » où il s’est en quelque sorte prouvé à lui même qu’il pouvait se faire des amis dans un groupe où personne ne le connaissait et ne lui collait d’étiquette… Au cours du CM1, à 8 ans (nouveau changement d’établissement), nous avons constaté plusieurs progrès chez notre enfant. Tout d’abord, il s’est fait une grande amie (précoce elle aussi, y’a pas de mystère !) et entretient de bonnes relations avec les autres enfants. Il s’est accepté tel qu’il est et nous remarquons que dans l’ensemble, les autres enfants ont plutôt tendance à l’admiration, à la reconnaissance qu’aux moqueries.

Aujourd’hui en classe de CM2 à 9 ans  il joue le jeu proposé par l’enseignante et a intégré le fait qu’en finissant son travail avant les autres, cela lui permettait de se plonger dans des activités qui lui plaisent (lectures, exposés, résolutions de problèmes d’échecs, dessins de plans d’avions, bâtiments en  3D…) au lieu de faire traîner  ou de bâcler le travail. Il participe et apporte des connaissances, une fantaisie en classe que l’enseignante reconnaît et apprécie. Cette année il a décidé de se mettre au violon, nous l’avons mis en garde contre son « nomadisme » en matière d’activités en soulignant que c’était sa décision et que la pratique d’un instrument nécessitait une motivation importante.

Au vu des premiers mois de pratique, il semblerait qu’il ait enfin intégré l’idée d’effort récompensé et travaille même s’il n’est pas devenu un grand concertiste en un clin d’œil, un petit miracle ! Tout ceci demande bien sûr un suivi constant de notre part et beaucoup de temps mais quelle récompense de le voir ainsi heureux même s’il sera toujours un peu difficile de lui faire ranger sa chambre ou débarrasser une table, des questions tellement plus essentielles le taraudent ! 

La joie d'un adulte HPI qui a trouvé sa voie

Un petit mot pour vous faire partager notre joie concernant Yohann. Il continue à travailler de façon déterminée et nous sommes fiers de lui.
Voici où il en est : après avoir réussi son DUT Mesures Physiques, alors qu’il sortait d’un BEP électronique et n’avait pas fait de chimie, il a eu l’an passé sa Licence avec mention et réitère cette année avec la Maîtrise ( il est troisième de sa promo sur soixante-deux).
Cette prochaine année il va préparer son DESS Recherche dans une école d’ingénieur, il désire aussi tenter l’agrégation, puis il est décidé à faire ensuite les trois ans de Doctorat. Sachant que les chercheurs ne sont pas bien rémunérés, il désire donc continuer pour pouvoir plus tard enseigner en université parallèlement.
Toujours dans sa spécialité, la Nanotechnologie. Notre soutien sans pression a bien marché pour lui, de plus c’est un jeune super gentil et joyeux. Pour nous c’est une réussite, et tout le mérite lui en revient. Quand je pense à toutes les lacunes qu’il avait accumulées jusqu’en troisième ! Il nous surprend fort agréablement.

Quelques années plus tard ….

 » Aux dernières nouvelles, Yohann est en deuxième année de thèse, toujours en Electronique, (Spécialité Nanotechnologie). Il donne des cours aux Licences, tout en continuant son Doctorat en travaillant au laboratoire de recherche de son Université. Il a découvert deux Brevets dans sa spécialité  » la téléphonie mobile « . Il donne des conférences internationales avec ses collègues. ll récolte le fruit de son travail et de sa passion découverte au fil des ans depuis son BEP. Pour ceux qui ont connu Yohann, ainsi que son parcours, je vous annonce aussi qu’il se marie cette année. » Voilà le témoignage sera ainsi fini et complet. Merci. Bon courage et bonne continuité pour vous tous.

Et maintenant….

Yohann à passé sa thèse avec les félicitations du jury en 2008. Il est Docteur en Electronique ( spécialité Nonotechnologie ).Il a enseigné en école d’ingénieurs et continué parallèlement ses recherches au labo de son Université.Aujourd’hui, il est en CDI dans une très grande entreprise.

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